Gaz et nucléaire : bientôt des énergies durables ?

Gaz et nucléaire : bientôt des énergies durables ?

Afin de favoriser la transition écologique, la Commission européenne souhaite classer le gaz naturel et le nucléaire parmi les énergies durables. Ou plus exactement octroyer sous certaines conditions un label de finance durable aux centrales nucléaires et aux centrales au gaz. Faisons le point sur cette décision qui ne plaît pas à tout le monde.

La taxonomie verte de la Commission européenne

La Commission a créé une taxonomie verte il y a quelques années. Il s’agit d’un système de classification d’activités économiques en fonction de leur impact sur l’environnement. Les activités considérées comme durables ont un faible impact environnemental. Une activité économique doit cocher un des 6 objectifs suivants, sans porter de préjudice majeur aux autres, pour être considérée comme durable : atténuation du changement climatique, adaptation au changement climatique, protection et utilisation durable de l’eau et des ressources marines, transition vers une économie circulaire, contrôle de la pollution, protection et restauration de la biodiversité et des écosystèmes.

Le but ? Aiguiller les capitaux vers des acticités durables plutôt que polluantes pour atteindre l’objectif de neutralité carbone de 2050 de l’Union européenne. En intégrant les centrales nucléaires et au gaz dans cette taxonomie verte, la Commission encourage donc leur financement et leur développement.

Les centrales au gaz

Le gaz naturel émet pas mal de CO2, mais beaucoup moins que le charbon et le pétrole. C’est en ce sens que la Commission parle d’une source énergie de transition, puisque le gaz serait amené à remplacer les énergies issues du pétrole ou du charbon. Seules les centrales émettant peu de CO2 et ayant obtenu leur permis de construction avant 2030 seraient reconnues durables. D’ici 2035, le gaz naturel devrait laisser la place au gaz renouvelable ou à l’hydrogène.

Les centrales nucléaires

L’énergie nucléaire est celle qui émet le moins de CO2. C’est aussi celle qui requiert le moins de matières premières et dont les combustibles usés peuvent être recyclés à plus de 90 %. Une énergie propre donc… Mais c’est au niveau des dangers de la fission nucléaire et du traitement des déchets que le bat blesse. Pour être labellisées durables, les nouvelles centrales devront avoir obtenu leur permis de construire avant 2045 et les travaux destinés à prolonger les centrales existantes devront avoir été accordés avant 2040. Par ailleurs, des conditions seraient exigées au niveau national quant à la gestion des déchets radioactifs.

Une décision controversée

Au sein même de la Commission, l’Autriche, le Luxembourg et les pays du sud de l’Europe sont résolument contre, tandis que la France et divers pays d’Europe centrale et de l’Est sont pour. De nombreuses voix mécontentes s’élèvent aussi du côté des ONG environnementales. Même si le texte a été adopté début février, rien n’est encore totalement joué. Le Parlement européen et le Conseil européen disposent de plusieurs mois pour l’accepter ou le rejeter. Certains États membres parlent aussi d’une action en justice si le texte devait entrer en vigueur…