Le 24 février 2022, après plusieurs semaines de tensions, la Russie déclenche une campagne militaire et envahit l’Ukraine sur ordre de son président, Vladimir Poutine. Cette opération est condamnée par de nombreux pays occidentaux, dont les États-Unis et les membres de l’Union européenne. En réponse à cette attaque, une série de sanctions économiques est mise en place contre la Russie. Mais cette guerre a également des résonances sur les finances européennes. En effet, la Russie est une puissance énergétique, dont certains pays sont dépendants. Alors, il est certain que le conflit ukrainien aura un impact majeur sur les coûts des énergies en Europe.
La Russie, une puissance énergétique partenaire de l’Union européenne
L’énergie est le pilier sur lequel repose l’économie russe. La Russie est la troisième puissance énergétique du monde. Elle se classe au deuxième rang des producteurs de gaz naturel et de pétrole, au quatrième rang des producteurs d’électricité, et au sixième rang des producteurs de charbon. Mais les Russes sont également les premiers exportateurs de gaz naturel au monde, ainsi que les deuxièmes exportateurs de pétrole, et les troisièmes exportateurs de charbon.
En outre, la Russie est le partenaire énergétique clé de l’Union européenne. Elle représente environ 45 % des importations européennes de gaz naturel, 25 % des importations européennes de pétrole, et 40 % des importations européennes de combustibles solides. En clair, les pays européens sont très dépendants de l’énergie russe, et subissent donc de plein fouet les conséquences liées à la guerre en Ukraine.
Une forte hausse des prix des énergies à prévoir
Le principal impact du conflit en Ukraine sur l’Europe correspond à une très forte inflation des prix de l’énergie. En effet, d’après les calculs d’Eules Hermes, filiale du groupe Allianz, si les pays de l’Union européenne cessent d’importer du gaz russe, le prix de cette énergie pourrait bondir de 70 %. Dans les faits, une telle flambée du prix du gaz engendrerait une hausse du montant moyen de la facture énergétique des Français, qui atteindrait 3 800 €, et ferait baisser de trois points le pouvoir d’achat des ménages.
Toutefois, pour l’heure, le gouvernement français veut se montrer rassurant. Récemment, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, des Finances, et de la Relance, a indiqué que ces prévisions ne prennent pas en compte les aides publiques qui devraient être prochainement mises en place. Par ailleurs, il a annoncé l’extension de la durée du gel des prix du gaz. Initialement prévu pour se terminer en juin 2022, il sera prolongé jusqu’à la fin de l’année. Enfin, le gouvernement français invite la population à faire des efforts sur sa consommation d’énergie. Selon l’Agence internationale de l’énergie, diminuer de 1°C la température de son logement permet de réduire sa consommation de 7 %, et de diminuer de dix milliards de mètres cubes les importations de gaz russe.
Un impact plus modéré en France que dans d’autres pays européens
Si la hausse des prix de l’énergie va toucher l’ensemble des membres de l’Union européenne, il est évident que l’impact ne sera pas le même partout. En effet, tous les pays d’Europe ne souffrent pas de la même dépendance vis-à-vis de l’énergie russe, et certains devraient en pâtir davantage que d’autres. Par exemple, en Finlande, 94 % du gaz importé provient de Russie. Cette république d’Europe du Nord sera donc nécessairement très fortement impactée par l’inflation du coût de l’énergie.
Dans une moindre mesure, le leader économique de l’Union européenne, l’Allemagne, peut aussi craindre une envolée déraisonnable du montant des factures d’énergie. 55 % du gaz, 42 % du pétrole, et 50 % du charbon importés par l’Allemagne proviennent de Russie. En revanche, la France est nettement moins dépendante de l’énergie russe. Ainsi, elle importe seulement 17 % de son gaz, 9 % de son pétrole, et 30 % de son charbon en Russie. Au total, seule une part de 10 % de l’énergie finale consommée par les Français est d’origine russe. Alors, si la France va évidemment connaître une hausse exceptionnelle des prix de l’énergie, il est probable que son impact sur les factures payées par les ménages soit plus modéré que chez certains de ses voisins.