Fissures dans les réacteurs nucléaires français : faut-il s’inquiéter ?

Fissures dans les réacteurs nucléaires français : faut-il s’inquiéter ?

En décembre dernier, EDF a mis à l’arrêt 4 réacteurs nucléaires pour des problèmes de corrosion. Aujourd’hui, 12 réacteurs sont à l’arrêt dans le cadre de ce phénomène. Et cela ne s’arrêtera peut-être pas là. De quoi s’agit-il exactement ? Et quel est l’impact sur la production d’électricité ?

12 réacteurs sur 56 concernés

Le parc nucléaire français compte 56 réacteurs répartis sur 18 sites. À l’heure actuelle, environ la moitié de ces réacteurs sont à l’arrêt, dont 12 pour des problèmes et contrôles de corrosion : 2 à Civaux, 2 à Chooz, 1 à Penly, 1 à Chinon, 2 à Bugey, 1 à Cattenom, 2 à Flamanville et 1 à Golfech. Certains de ces réacteurs nucléaires ont été purement et simplement mis à l’arrêt, tandis que les arrêts programmés d’autres réacteurs ont été prolongés jusqu’à la fin de l’année. Pour l’instant, les réacteurs les plus récents et les plus puissants (1450 MWe et 1300 MWe) sont davantage touchés par ce phénomène. Leur conception, différente de celle des modèles plus anciens (et moins puissants), serait à l’origine du problème. EDF prévoit toutefois d’inspecter tout son parc nucléaire.

Source : Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire

En quoi consiste le problème de corrosion ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le problème de corrosion rencontré par les réacteurs nucléaires français ne se traduit pas par l’apparition de rouille, mais bien par l’apparition de microfissures (allant de quelques centaines de microns à 5 millimètres) sur certains tuyaux. Ces fissures touchent le système de sécurité du circuit primaire, en contact avec le cœur du réacteur. Elles sont apparues sur les soudures des coudes des tuyauteries d’injection de sécurité, qui servent à refroidir le réacteur en cas d’accident. On parle de « corrosion sous contrainte ».

Risque-t-on un problème d’approvisionnement électrique ?

Avec la crise énergétique mondiale que nous connaissons, cette corrosion sous contrainte des réacteurs nucléaires tombe au plus mauvais moment. Devons-nous craindre des coupures d’électricité ou des soucis d’approvisionnement ? EDF a déjà ajusté plusieurs fois ses prévisions de production, en les revoyant à la baisse. L’Autorité de sécurité nucléaire (ASN) se veut rassurante car jusqu’à présent, les 32 réacteurs de 900 MWe ne sont quasiment pas touchés par ce phénomène. Mais de nouvelles mises à l’arrêt ne peuvent être exclues dans les prochains mois. Si tel est le cas, l’approvisionnement pourrait être mis sous tension l’hiver prochain. De plus, il faudra du temps pour réparer tous les réacteurs affectés, ce qui aura un impact sur la production d’énergie. Le parc nucléaire français risque donc bel et bien de tourner au ralenti pendant quelque temps. Affaire à suivre, donc.